(mission) Suivre la piste des ryôs

Suivre la piste des ryôs (mission)

— J'en peux plus d'cette neige ...

Secoué ses chausses pour en faire tomber une légère couche de poudreuse blanche, Gabimaru peste bien volontiers - cette région est si reculée et peu visitée par les voyageurs que les chemins sont complètement recouverts de neige, ayant obligé les deux ninjas à crapahuter dedans plus qu'autre chose.

Heureusement, ils arrivaient en vue du village, qui d'ailleurs ne portait même pas de nom. C'était juste ... le village. Légèrement en amont, le duo de Konoha pouvait voir les toits à moitié ensevelis, d'où s'échappaient par des cheminées quelques volutes de fumée, preuve de la vie qui y régnait. La journée était déjà bien avancée, et la plupart des bateaux revenaient à quai, du moins il sembla au Senju en voir bien assez le long des passerelles reliant les maisons.

— Tu penses quoi doit commencer par quoi ? Se chercher un endroit pour passer la nuit, ou on enquête directement ?

Il rêvait de changer de vêtements pour quitter les tissus mouillés au niveau de ses genoux, mais Gabimaru savait aussi faire preuve de résilience. Après tout, n'était-il pas un fier ninja du clan Senju ? Foutaises, pour l'instant ce n'était qu'un gosse ayant passé une bonne partie de la journée à avancer dans la neige, sans grande élégance. Alors se tournant vers l'Uzumaki, dont la présence était d'un rare réconfort, il lui lâcha un de ces grands sourires de naïf, toutes dents dehors.

Il ignorait pourquoi, ces derniers temps, Orihime et lui se retrouvaient souvent en mission ensemble. Peut-être était-ce dû aux bons résultats qu'ils présentaient ? Car plus que réellement complémentaires, les deux genins s'entendaient particulièrement bien, coordination nécessaire au bon fonctionnement de toute équipe. Gabimaru lui faisait entièrement confiance à son amie, d'autant plus que plus les jours passaient, plus il devait se rendre à l'évidence sur le fait qu'Orihime lui plaisait beaucoup ... à ses côtés, il se sentait comme plus léger, mais aussi plus débile encore, par moments, perdu dans des pensées nouvelles, l'esprit occupé par des sentiments qu'il explorait chaque jour un peu plus, ignorant qu'il s'agissait simplement ... de l'amour ?


@Uzumaki Orihime

Orihime lance un regard compatissant à son coéquipier de mission, la neige les a accompagné sur toute la durée de leur voyage. La rouge apprécie grandement le blanc manteau dont le paysage peut se drapper, mais elle admet qu’elle aurait aimé s’en passer cette fois. Le lieu de leur mission est tellement reculé que les routes ne sont pas dégagées et aucun passage n'est créé par le déambulement des voyageurs. Cela va faire des heures qu’elle et Gabimaru crapahutent dans la neige, mouillant leur vêtement et frigorifiant leur peau.

Malgré le fait qu’elle ait accepté ses sentiments et qu’elle ne souhaite plus les combattre inutilement, elle ne s’attendait pas à repartir une nouvelle fois en mission avec le brun. Où du moins pas aussi rapidement après leur dernière mission. Pour une raison inconnue, les instances de Konoha n'arrêtent pas de les faire partir ensemble. Orihime ne va pas s’en plaindre, mais elle ne peut s'empêcher de vouloir connaître la raison. Est-ce que l’Hokage ne fait pas encore assez confiance aux Uzumaki pour qu’ils les fassent partie en mission qu’avec des membres de son clan ? Où est-ce simplement parce qu’ils ont de bons résultats ensemble ?

La demoiselle n’a pas vraiment le temps de s’attarder plus sur la question que les voilà arrivés à leur destination. Un village de pêcheur pour le moins banal de ce qu’elle a pu en conclure des informations qu'on leur avait fournies, mais affaiblie par la pauvreté qui y règne au point qu’une personne mal attentionné offre indessement de l’argent aux habitants les poussant à des actes ne plaisant guères aux dirigeants voisins. Voilà en quoi réside toute leur mission, trouver le mandataire des sabotages et arrêter ses exactions. Orihime n’a pas encore réfléchi à la manière dont ils pouvaient s'y prendre étant la première mission où elle doit réellement faire fonctionner ses neurones ne pouvant pas laisser Gabimaru, tout simplement, foncer dans le tas. Pour une fois, ils vont vraiment devoir réfléchir, mener une enquête, avant de passer à l’action.

“On peut chercher un endroit pour passer la nuit.” La rouge commence à ne plus supporter ses guêtres mouillées ni le froid s'insinuant dans ses membres. Orihime a besoin du réconfort que lui apportera la chaleur d’un feu de cheminée dont elle peut distinguer la fumée s'élevant dans les cieux ainsi que celui d’un bon repas chaud, son ventre commençant à crier famine après cette marche. Le village de Konoha leur a fourni une bourse pour mener à bien leur mission et ainsi pouvoir s’immerger totalement dans ce petit village. “On pourrait chercher une auberge ou ce qui s’en rapproche le plus dans ce village tout en commençant à poser des questions sur cet homme masqué. Ce genre de personnages ne doit pas pouvoir passer bien longtemps inaperçu dans un tel village. Si c’est comme au village des remous, les commerçants étaient toujours au courant des derniers potins.” Orihime sourit tendrement au souvenir de son ancien village, elle se rappelle de sa grand-mère revenant du marché avec tout plein de nouvelles anecdotes qu’elle s'empressaient toujours de révéler à son mari. Orihime adorait l'entendre faire la commère dans la cuisine sous le regard attendri de son grand-père. “Mettons-nous en route, ce serait dommage qu’on finisse en glaçon.” Le sourire de la rouge se fait plus franc sur son visage en réponse au sourire de Gabimaru, lui faisant rater un battement de cœur.

Au grand soulagement de Gabimaru, sa coéquipière préfère elle aussi qu'ils se trouvent un endroit où ils pourront passer la nuit - ils ne sont pas dans l'urgence pour cette mission, aussi il ne sert à rien de se presser. Esquissant un sourire, le garçon s'imagine déjà posé devant un grand feu, laissant son corps baigner dans la chaleur projetée par les flammes. Mais pile à ce moment, un coup de vent un peu plus violent lui rappelle que pour l'instant, tout ce qu'il peut faire, c'est grelotter en attendant d'arriver au village.

— Oui allons-y.

Tandis qu'ils commençaient à avancer, Orihime suggéra qu'ils trouvent ce qui pourrait le plus se rapprocher d'une auberge - l'endroit était reculé, loin de tout axe commercial important, mais Gabimaru ne perdait pas espoir de tomber sur un établissement pouvant leur offrir le gîte et un repas chaud.

— Est-ce qu'Uzushio te manque parfois ?

Après tout peu étaient les Uzumaki présents à Konoha - le garçon savait que la majorité du clan de son amie était resté dans son village d'origine, loin du Pays du Feu. Pourtant jamais il ne s'était vraiment intéressé à la raison de cela, mettant ça sur le compte de l'amitié forte entre les Senju et les Uzumaki, rendant possible l'accueil de certains d'entre eux entre les murs de la Feuille. Et au fond, Gabimaru était reconnaissant ... sinon, comment aurait-il fait la rencontre d'Orihime et de son sourire si rayonnant ? La kunoichi semblait perdue dans ses pensées, celles-ci voguant sans doute vers le Village des Remous ... lui-même ne s'imaginait pas partir loin de Konoha, loin des siens, de cet endroit qu'il considérait comme chez lui.

— On devrait cacher nos bandeaux ... si le masqué voit des ninjas de Konoha fouiner dans le coin, il restera caché ! On peut se faire passer pour de simples ninjas errants.

Tendant une main devant lui tout en malaxant son chakra, le garçon laisse le henge faire son effet - sur son bandeau, une franche rayure barre désormais le symbole de Konoha. Pour les ninjas, c'est un signe de désertion, preuve qu'ils ne font plus partie du village - et bien que cela lui en coûte intérieurement, Gabimaru sait qu'ils doivent mettre toutes les chances de leur côté afin de mener à bien cette mission !

@Uzumaki Orihime

Orihime lance un petit regard surpris à Gabimaru. Sa question n’a pourtant rien de surprenant, c’est une interrogation que n’importe quel ami pourrait poser pour connaître les ressentiments d’un autre ami. Mais c’est que personne n’a encore jamais posé cette question à Orihime, ce qui est normal pour elle. Elle ne fait plus partie de ce village qui l'a vu grandir. Elle appartient à Konoha et elle doit être heureuse de se retrouver ici. Elle ne doit plus ressasser le passé, ce qu’elle a fait une grande partie de son enfance. C’est sûrement ce que voudrait sa tante. Mais elle ne se voit pas mentir à Gabimaru et puis ce n’est pas comme s’il allait courir au village des Remous pour tout raconter à sa tantine. Elle n’a rien à craindre de lui ouvrir une partie de son cœur.

“Parfois, mais ce n’est pas vraiment mon village qui me manque.” Orihime ne se souvient pas vraiment d’un moment unique qu’elle a pu vivre avec un des habitants. La rouge passait la plupart de son temps chez elle. En pensant à Uzushio, elle se rappelle surtout de sa famille. Des personnes qui l’ont vu grandir. “Ce sont surtout mes grands-parents qui me manquent. Je suis très reconnaissante d'être venue à Konoha, ça m’a permis de rencontrer des personnes géniales…” comme toi ! La rouge ne pourra jamais le dire à voix haute, mais Gabimaru est la première personne qui a fait irruption dans son esprit à la prononciation de cette phrase. “Et ça m’a permis d’apprendre plein de choses, mais j’avoue que ne plus les voir c’est assez difficile.” Au fond d'elle, l’Uzumaki espère qu’un jour une mission la fasse retourner au village des remous pour qu’elle puisse les revoir et qui sait peut être que Gabimaru pourra les rencontrer également. Orihime ne peut empêcher son cerveau de se demander ce que ses grands-parents pourraient penser du jeune homme. Est-ce qu’ils pourraient l’apprécier ?

Orihime porte ses mains à sa bouche soufflant sur ses doigts transis par le froid, le vent venant les accompagner dans leur déplacement. “Tu as raison !” Orihime copie les mouvements du brun, malaxant son chakra pour pouvoir lancer son henge sur le bandeau ornant sa tête. La demoiselle utilise son bandeau qui devrait être collé à son front comme accessoires de cheveux. On lui a expliqué que le symbole d’un village barré signifiait la désertion de son propriétaire. Aujourd'hui, ils jouent les déserteurs, en y réfléchissant bien ça pourrait leur être bénéfique pour la mission. “Ça me donne une idée. Si on arrive pas à retrouver cet homme avec de simple question on pourrait essayer de le faire venir à nous. Imagine, on fait croire qu’on recherche le moyen de se faire un peu d’argent après avoir fuit notre village. Il serait peut-être intéressé de nous embaucher pour mener à bien ses méfaits. Quoi de mieux que embaucher des gens qualifiés qui pourraient se défendre contre des ninjas de village voisin !” Grâce à Yuta et Jun, la construction du pont a pu reprendre après avoir appréhendé le saboteur. Si l’homme qu'ils recherche souhaite vraiment empêcher cette construction il risque de chercher une nouvelle main d'œuvre et ça pourrait leur être favorable.

Gabimaru la trouve étrangement nostalgique lorsqu'elle évoque son village natal, comprenant que ce n'est pas tant l'endroit qui lui manque, mais plutôt sa famille, et plus précisément ses grands-parents. Instinctivement, le Senju s'apprête à lui demander où sont ses parents, puis il se remémore qu'avant la créations des villages, les ninjas étaient souvent en guerre, les clans se déchirant les uns les autres - il avait de la chance, car les Senju comptant parmi les plus redoutables, peu osaient s'attaquer à eux, hormis ces foutus Uchiha. Et si les Uzumaki étaient réputés puissants, il est vrai que Gabimaru ignorait tout des autres clans et forces en présence du côté des Tourbillons, et de sa dangereuse proximité avec la Brume.

— J'aimerais bien découvrir Uzushio , une fois.

Comme une promesse de futur commun, d'un lien qui ne se briserait pas si aisément entre eux - Gabimaru souriait, sincèrement soulagé, et heureux, qu'Orihime ait trouvé en Konoha un foyer, mais aussi en ses habitants des amis, des voisins ... une famille. C'était aussi ça, ce village - un grand arbre où chaque feuille avait son importance. Du moins c'était en quelque sorte la philosophie amenée par Tsunao lorsqu'il s'était allié à son ancien ennemi, Kaito, en fondant Konoha.

— Oh bonne idée !

Le plan d'Orihime est cohérent, car quoi de mieux que des ninjas pour affronter d'autres ninjas ! Et en se faisant passer pour des déserteurs, le duo de Konoha pourrait bien attirer plus vite que prévu l'instigateur de ces mystérieux sabotages. Tandis qu'ils se mettaient en route vers le village, rejoignant l'un des rares chemins plus ou moins dégagés, le garçon imita les gestes de sa partenaire, soufflant un peu d'air chaud sur ses doigts engourdis par le froid. Ils ont reçu chacun une petite bourse de ryôs pour cette mission, afin qu'ils puissent au besoin passer quelques nuits dans les environs, mais aussi pour s'offrir à manger dans les auberges du coin - Gabimaru se réjouissait de dépenser quelques pièces pour une place à côté d'un feu ! Et même si comme beaucoup de Senju il n'appréciait que peu les flammes, il était prêt à faire des concessions pour s'y coller le temps que son corps se réchauffe !

— Au fait Ori' ... Marquant un temps d'arrêt, le garçon fit face à la kunoichi, un peu gêné. Cela faisait longtemps qu'il y réfléchissait, à comment aborder ce moment - c'était aussi la première fois qu'il se retrouvait dans cette situation, et à dire vrai, il préférait affronter un redoutable adversaire que de devoir se confier ainsi à Orihime ! Prenant une profonde inspiration, il sort un petit objet de sa poche, qu'il tend à son amie. — Tiens ... c'est pour toi. Ouvrant les doigts, il laisse apparaitre sur sa peau un petit pendentif attaché à une solide ficelle. Le centre du "bijou" était une pierre spéciale, capable d'emmagasiner du chakra - Gabimaru l'avait percée en demandant de l'aide à un forgeron du village, avant d'y insérer une graine de son jutsu de traque. Pendant des jours, le garçon y avait infusé une partie de son chakra, avant de sceller le tout à l'aide de son mokuton. Cela rendait le pendentif réellement vivant, mais surtout, il permettrait à Gabimaru de toujours pouvoir le retrouver, ou du moins d'en sentir la direction. — Comme ça si on se retrouve à nouveau dans une tempête, j'pourrai toujours te retrouver. Sentant la chaleur prendre possession de ses joues, tandis qu'il se grattait la tête d'un geste nerveux, Gabimaru esquisse une sorte de sourire, avant de continuer à marcher vers le village, ne sachant trop quoi dire, quoi faire - il était pourtant indéniable qu'Orihime lui réchauffait le coeur et l'esprit, alors pourquoi le nier ? Tout simplement parce que c'était un garçon encore naïf et aveugle pour ces choses !

@Uzumaki Orihime

Parler de son ancien village et de sa famille laisse un petit vide dans le cœur de la rouge. Orihime ne s'était jamais vraiment rendu compte, jusqu'à ce jour, qu’elle se sentait un peu vide depuis qu'elle avait quitté Uzushio. Mais elle ne se focalise pas trop dessus, la présence de Gabimaru adoucissant ses peines. “Qui sait, une mission nous y conduira peut-être.” Ce retrouver en mission au village de remous pourrait être intéressant pour la demoiselle, elle pourrait découvrir son village sous un nouveau jour. La rouge croise les doigts pour que cela arrive un jour.

“Mmmh ?!” A l’entente du surnom que lui donne Gabi, la rouge s'arrête le regardant étonné. Sans se rendre compte elle penche la tête sur le côté, s’interrogeant sur le comportement du brun. Orihime aimerait bien savoir ce qu’il se passe dans sa tête. “Qu’est-ce que…” La rouge regarde surprise le bijou dans la main du Senju. Un collier avec pour pendentif une magnifique pierre sceller dans du bois, une technique de Gabimaru ? Sonnée, elle récupère le collier, le rouge lui montant doucement aux joues. Est-ce qu’elle doit comprendre quelque chose ? Est-ce qu'il est possible que ses sentiments soient un jour partagés ? Non, c'est impossible ! C’est juste un cadeau d’un ami pour ne pas revivre une certaine situation. Impossible qu’il ressente le moindre truc pour moi… et si ? Non, Ori' arrête d’espérer. Tu n’as même pas de sentiment, c’est juste un crush d’ado qui passera quand tu grandiras rien de plus ! Alors pourquoi son cœur fait des pirouettes dans sa poitrine ?

L’Uzumaki pose son regard sur le Senju qui a repris sa marche pour rejoindre le village de pêcheur. Elle se doit de le remercier pour ce joli cadeau. Passant le cordon du bijou autour de son cou, la demoiselle s’élance à la suite du jeune homme puis lui attrape la main pour qu’il s’arrête quelques instants. “Attends je souhaite te remercier.” Gênée Orihime n’arrive pas à regarder Gabi dans les yeux, focalisant son regard sur leurs mains jointes. La dernière fois qu’elle a été aussi gênée en présence du brun remonte au jour où elle pu voir ses fesses. “Merci pour ce collier. Il est magnifique, je te promets d’en prendre le plus grand soin.” Orihime finit sa phrase en déposant un léger bisous sur la joue de son coéquipier. Malgré le fait que cette petite attention lui fasse se poser des milliers de questions, elle se sent chanceuse d’avoir trouvé un ami aussi gentil et attentionné envers elle.

La rouge se détourne rapidement de Gabimaru et reprend sa marche rapide en direction de leur objectif de mission, essayant de cacher ses joues cramoisies. “Il faut qu’on se dépêche de rejoindre le village. Il faudrait qu’on arrive à trouver un villageois enclin à nous donner l’adresse d’un endroit où l’on pourra passer la nuit.” Il est hors de question pour la rouge de dormir dehors par ce temps, le froid mord ses joues devenues chaudes à cause des rougeurs. Si ce village ne possède pas d’auberge, ils arriveront peut-être à trouver un villageois enclin à leur offrir le gîte et le couvert contre quelques ryôs.

La surprise qui se dessine sur le visage d'Orihime, couplé à la teinte rosée que prennent ses joues pourtant d'habitude plus pâles laisse présager un plaisir certain chez la kunoichi. Du moins c'est ce que Gabimaru a l'impression de deviner avant qu'il ne s'éloigne, sans doute trop lâche pour affronter ces moments qu'il ne sait comment gérer.

Elle va se moquer de moi c'est sûr ! Rien qu'à cette idée, la poitrine du Senju se serre, mille questions s'entrechoquant dans son esprit. Et si elle pense que j'suis amoureux d'elle ? La honte ! Il avait toujours vu, lorsqu'il s'agissait de s'y attacher, les filles que comme enquiquineuses, des pleurnichardes aussi fourbes que bruyantes à la fois - pourtant depuis quelques temps, son point de vue commençait à changer, et c'était peut-être en grande partie à cause, ou plutôt grâce, à Orihime. Pourtant je l'aime bien, plus que les autres filles. Cette évidence était maintenant impossible à nier, lui dont le coeur s'en donnait à coeur joie, sautillant dans sa poitrine, en écho aux bourdonnements dans son ventre.

Moi amoureux ? Non !

Et pourtant.

— Mh ?

Lorsque la main de la kunoichi attrape la sienne, il s'arrête, lui faisant face d'un air gêné. Il l'est tellement que son regard reste fixé plus bas, sur leurs mains entrelacées, d'où semble émaner une chaleur à la fois réconfortante, lumineuse et ... stressante ? Un mélange que Gabimaru ne sait comment appréhender, et si une partie de lui souhaite partir en courant, l'autre n'a qu'une envie ... rester ici, avec elle. Les remerciements d'Orihime lui vont droit au coeur, qui se serre de soulagement au vu de la réaction de son amie.

Mais le pire, ou le meilleur, est à venir.

Smak *bruit de bisou*

Lorsque les lèvres de la kunoichi se posent sur sa joue en un chaste bisou, c'est tout le visage de Gabimaru qui s'enflamme, en proie à des sensations inconnues. Jamais, dans ses pensées les plus folles, il n'aurait pu imaginer une telle chose, et lui qui se voyait déjà détaller sans demande son reste, se surprenait à apprécier le bisou pourtant fugace. Instinctivement, alors qu'Orihime continue déjà à avancer, le garçon porte ses doigts à ses lèvres, l'impression de pouvoir encore y sentir la présence de son ... amie ? Ou est-ce plus que ça ? Il n'en sait rien.

C'est qu'un bisou, et je suis son ami, c'est tout. Te fait pas d'idées ... baka.

Trottant légèrement pour rattraper son amie, il bégaie un peu, tentant de se concentrer tout de même sur la mission. La surprise est telle au sujet de ce qui vient de se passer qu'il n'en parle même pas, ses pensées encore trop chauffées par tout cela. Les maisons sont maintenant de plus en plus proches, et quelques habitants visibles. D'ailleurs ceux-ci semblent également avoir repéré l'arrivée du duo de la Feuille.

— Je ... oui, faut qu'on trouve. J'vais demander au m'sieur qui répare son filet.

Posé sur un tabouret devant sa maison, occupé à réparer un grand filet de pêche, un homme d'une cinquantaine d'années les toise alors qu'ils s'approchent. Ses yeux détaillent rapidement leurs bandeaux de déserteurs, ce qui explique peut-être son air renfrogné.

— Vous êtes pas un peu jeunes pour être des déserteurs les gamins ?
Le ton est donné.
— Ne t'inquiète pas pour nous vieil homme, on est pas v'nu faire du grabuge. Il y a une auberge dans c'village ? On a froid, et en a bavé pour arriver jusqu'ici.

A sa ceinture, il laisse apparaitre la bourse de ryôs, afin que le pêcheur comprenne qu'ils ont de quoi payer. Après les avoir jugé quelques instants, le vieil homme hausse les épaules, pointant la rue, ou du moins la ruelle, derrière lui.

— Au fond, devant les quais, il y a une taverne avec quelques chambres pour les voyageurs. C'est Takemaru l'patron, et contre quelques pièces peut-être qu'il vous laissera en avoir une pour la nuit.

Intérieurement, le garçon jubile, car ses pieds trempés et le froid qui semble l'avoir gelé jusqu'aux os ne sont peut-être plus qu'un mauvais souvenir. Alors en tournant son visage, dont les joues sont peut-être encore rougies par le bisou d'Orihime, vers sa coéquipière, le garçon ne peut s'empêcher de sourire, tout simplement ... heureux et soulagé.

@Uzumaki Orihime