Chokkan Jun - La princesse de velours dans un gant de fer (En Cours)

La guerre n'a rien d'une ode à la bravoure, la guerre est inutile. Elle ne fait qu'arracher des vies sans raisons. Sans distinction. La toute jeune Jun en a douloureusement fait l'expérience.
Née au sein du clan Chokkan, qui était encore un clan nomade en ce temps là, ses parents étaient connus a leur manière. Ils étaient les "faiblards", son père était un ninja craintif, et avec une force physique limité. Sa mère connaissait quelques bases de ninjutsu médical, mais elle était également considéré comme une faiblarde.
Pourtant. Lors du jour fatidique, ce sont les "faibles" qui ont agi. Leur fille était née depuis quelques semaines tout au plus, mais la guerre faisait du mal aux pauvres effectifs du maigre clan Chokkan d'autant plus alors qu'ils offraient a cette époque leur services comme mercenaires. Ils ont été désigné pour accompagner l'escorte du chef de clan Chokkan Renji. Un véritable honneur pour eux, un sacrilège pour les autres Oméga qui s'offusquèrent de voir des faiblards sortis de nul part recevoir une telle mission prestigieuse.
Elle ne consistait en rien de compliqué cette mission. Un simple envoi de transmission a travers les lignes de front. Certes il fallait éviter de se faire repérer, mais normalement le combat était évitable, n'est-ce-pas ?

Lorsque le premier shuriken fendit l'air et atteint avec une précision chirurgicale l'artère de la cuisse. L'embuscade se referma alors sur eux encore plus vite qu'un lion fond sur une gazelle.

La lutte fut acharnée mais les parents de Jun semblaient tenir le choc. Peut être était-ce l'habitude d'être le plus faible et donc de se battre en conséquence, peut être l'adrénaline d'un combat pour la vie. Ou tout simplement la peur de ne pas revoir leur fille. Mais ils ne lâchèrent rien. Bientôt il ne resta plus debout qu'eux et Renji face a quatres derniers ninjas. Une situation bien déséquilibré même en comptant sur le puissant chef de clan dont la danse avait déjà fait passé de multiples ennemis de vie à trépas.
Ce sont donc les faibles qui ont ouvert la voie pour que le chef de clan puisse faire son oeuvre. Pour que sa danse occise les ennemis. Les faibles qui ont fait une muraille de leur corps. Car si ils echouaient, si personne ne revenait, alors leur fille serait en danger. Si ces ninjas avançait encore, ils tomberaient irrémédiablement sur elle. Du moins c'était leur seule pensée alors qu'ils dansaient comme ils ne l'avait jamais fait encore, dansant dans un rythme effrénée et endiablé en accord, en symbiose. Ils moururent en même temps, terrassés par les blessures et leurs efforts communs, mais a ce moment, ils étaient plus forts que jamais.

Chokkan Renji put lui cependant rentrer en vie. Il était le seul survivant de l'expédition, et n'avait pas oublié l'acte de bravoure de ceux qui était surnommés "les faibles". Il décida donc de prendre comme pupille la fille de ceux qui lui avait permis de revenir en vie vers sa propre famille.

Jun grandit donc au sein de la famille de Chokkan Renji. Il avait déjà une femme, et celle ci était enceinte de leur premier enfant. Cependant, elle ne grandit pas pour autant dans un foyer calme. Chokkan Renji était un père dur, strict. Qui n'aimait pas l'échec, il avait certes un sens de l'honneur admirable, et il s'agissait d'un homme d'une droiture exemplaire. Mais il savait mieux que quiconque témoigner sa déception quand on ne parvenait pas a contenter ses attentes.

Jun n'était en plus pas vraiment la meilleure des élèves, elle ne semblait pas témoigner de talent particulier. Et elle avait du mal a comprendre la danse ancestrale des Chokkan. On l'a faisait s'entraîner difficilement depuis ses 4 ans, mais elle semblait juste être... Moyenne, tout au plus. Pas faible, mais pas forte. Pas impotente, mais pas douée non plus. Cela générait de la frustration tant chez elle que chez son père adoptif. Il avait pourtant mentionné ses parents comme des ninjas capable de déployer une force extraordinaire quand cela importait vraiment, mais cela n'avait fait que rajouter une chape de pression supplémentaire sur ses frêles épaules. Elle ne se sentait pas a la hauteur, pas à sa place. Elle se demandait qui était ses parents valeureux qui semblaient si forts et protecteur dans la bouche de son père, mais qui n'était pas là pour la conseiller.

Elle pleurait souvent quand elle était seule, jusqu'au jour où elle pensait qu'elle ne pouvait plus le supporter. Elle prit ses jambes a son cou. Après un échec de plus, après une énième réprimande. Elle tenta de tout abandonner.

Les Chokkan vivaient alors dans un saillant montagneux a la frontière Nord du pays du Feu. Sans être extrêmement dangereux, il fallait cependant parfois se méfier où l'on posait le pied. Ce que dans son état, épuisée et attristée. Jun ne fit pas toujours. Elle se sentait mal à l'aise et continuait d'avancer, la poitrine suffocante. Avant de glisser et de dévaler une pente qui lui coupa le souffle, une côte s'était cassé. Elle sentait son esprit brumeux, son corps différent. Elle pensait que si tout se terminait la, ça ne la satisfaisait pas. Elle voulait pouvoir se plaindre a quelqu'un, elle voulait que quelqu'un lui dise trois petits mots : je te comprends.

Elle s'endormit alors, pour se réveiller grâce a une langue baveuse qui lui chatouillait le visage. Elle était maintenant en position assise. Adossé contre un rocher. En face d'elle, un étrange animal la regardait. Elle reconnut par contre immédiatement l'espèce car elle était sur le symbole de son clan : il s'agissait d'un renard qui la regardait fixement.
Il était cependant un peu plus grand qu'un renard classique, une cinquantaine de centimètres en plus, au vu de sa taille, Jun aurait pu s'en servir de monture.
Elle pensait tout simplement être en plein rêve. Elle rêvait qu'un gentil animal de la montagne l'avait sauvée. Alors elle le remercia, et lui baissa la tête et s'inclina en retour, comme pour lui intimer que ce n'était rien.

Alors, comme il s'agissait d'un rêve, Jun commenca a raconter sa vie a ce renard, du mieux qu'elle le pouvait avec ses mots, sans méfiance. Et le renard l'écouta, très patiemment, agitant sa tête de droite a gauche parfois, comme pour signaler son désaccord. Ou au contraire de haut en bas quand il semblait se joindre à la petite. Elle avait l'intuition que ce renard la comprenait, c'était comme si elle pouvait dire a son clan tout ce qu'elle pensait d'elle et de sa vie. Qu'elle pouvait avouer ses peurs, ses doutes, qu'elle avoua qu'elle ne voulait pas se battre, parce que c'était la guerre qui lui avait pris ses parents. Et le renard semblait encore une fois comprendre et être d'accord. Puis à un moment, elle se sentait fatiguée, alors elle commença a s'assoupir a nouveau, et son interlocuteur vint alors une dernière fois contre elle pour la réchauffer.

A son réveil, il était parti, elle se trouvait a nouveau au sein de son clan qui l'avait retrouvé. C'était Renji qui l'avait découverte avec sa côte fêlée et il lui passa le pire savon qu'elle n'eut jamais reçu. Cependant, Jun sentait qu'il y avait quelque chose de différent en elle. Elle avait pu mettre des mots sur son mal être.

Cet événement rendit Jun beaucoup plus "flexible" : c'est à cette période qu'elle comprit l'importance de se forger une épaisse carapace. Sa fugue avait involontairement remis en question l'autorité du chef de clan, elle s'en sentait coupable et comprenait que sa place avait une certaine importance malgré tout. Son "père" prenait des risques en l'adoptant en réalité, bien plus qu'elle n'en avait conscience. Son pouvoir s'en retrouvait fragilisé.

Alors elle s'entraîna encore plus, d'elle-même en cachette. Elle avait abandonné une fois et elle ne commettrait plus cette erreur, il en était hors de question. Elle compensa alors son manque de talent naturel par un travail encore plus acharné. Elle commença à prendre en assurance avec le temps.

Et de temps à autre, elle rêvait a ce renard, se demandant si il avait vraiment été là ou non ce jour là. Et, quand elle l'appercevait parfois dans ses songes. Jun se confiait sur ses doutes. Elle se créait un espace où elle exprimait ce qu'elle voulait être pour ensuite définir ce qu'elle pensait devoir être... Elle formulait ses aspirations a demi mot même alors. Sa volonté de paix durable pour que les orphelins de guerre n'est plus a exister. Son intuition de plus en plus prononcée que la violence n'engendrait que la violence et rien d'autre.

Elle était certaine d'une chose. Elle voulait s'imposer au sein du clan, petit à petit, ce clan qui l'a vu comme la ratée fille de ratés. La chouchoute du chef de clan, puis la "Princesse Froide". Elle voulait gagner en force pour pouvoir garantir la paix, faire en sorte d'accomplir sa voie.

Tout aurait pu rester ainsi jusqu'au jour où elle revit une dernière fois en songe le renard de son enfance. Mais cette fois, ce fut différent. Il n'etait pas prêt a l'écouter. Il voulait qu'elle le suive. Ils étaient sur le même sentier de la même ancienne montagne de leur rencontre jadis. Puis il descendait un chemin abrupt, avec une agilité folle. Puis alors une grotte de trouva sur son chemin. Longue et sinueuse, avec plusieurs embranchements, qui semblaient continuer a l'infini. Jun vit alors au bout d'un certains nombres de tournant une grande lumière, avant de se réveiller.

Elle devait savoir ce dont il en retournait. Elle demanda donc la permission au chef de clan de s'absenter, qui le lui autorisa, elle faisait maintenant sa fierté après tout, elle pouvait bien avoir un temps libre d'une journée. Elle était restée floue, elle avait simplement prétexté une ballade dans les montagnes pour "se ressourcer le temps d'une journée"

Elle prit la route et retrouva la pierre de son enfance, tout était encore comme dans son souvenir impérissable. Gravé dans la roche de son esprit. Elle voyait le sentier de son rêve, tout y était similaire, la descente qu'elle dû prendre avec agilité. Puis elle se retrouva face a la grotte. Impossible pour elle de se souvenir de tout les embranchements, mais elle écoutait ses sens, son intuition. Elle faisait confiance a son instinct. Quelque chose dans l'atmosphère lui semblait a la fois familier et lointain.
Après de multiples embranchements, elle trouva une sortie. Du moins, un chemin avec une faible lueur au bout. Puis elle tomba au sein de l'endroit le plus étrange qu'elle ait jamais vue. On aurait dit une immense clairière a vide. Niche au centre d'une large cuvette de roche qui devait grimper jusqu'au sommet de la montagne. Tout autour, des trous de tailles diverses, allant de la taille d'un renard classique jusqu'à d'immense bouche de plusieurs mètres de diamètre. Et au centre de cette clairière, son vieil ami, qui la regardait fixement.

C'est ce jour qu'elle contracta officiellement avec les renards un pacte d'invocation. Un phénomène rare, si elle se referait a ce qu'elle avait pu glaner comme information. Le dernier immense renard que le monde avait appercu n'avait pas laissé un souvenir des plus
joyeux.

Elle accompagna son ancien ami dans une embouchure et arriva dans le terrier le plus majestueux qu'elle ait vu. Ancien et préservé de tout, un fin filet de lumière naturelle éclairait l'immense cour au centre duquel trônait une imposante figure de bois sur laquelle figurait une liste de noms. Pour y parvenir, une ligne de toriis vermillons formaient un chemin d'accès.

Elle se demanda encore une fois si tout cela n'était pas un rêve quand elle prit le chemin du retour. Seul la lourdeur du parchemin preuve de son contrat lui rappelait qu'il n'en était rien. Qu'une espèce l'avait choisi au final.

Elle souhaitait se montrer digne de ce que l'on attendait d'elle. Des chances qu'elle avait reçu et qu'elle n'était pas encore certaine de mériter. Car ce n'était que comme ça qu'elle pourrait peut être réalisée son rêve. Celui de voir la paix s'installer.